A quoi ressemblera notre forêt demain ?
Impactée par le changement climatique, la forêt qui recouvre la majeure partie du Parc national de la Vallée de la Semois aura certainement un visage tout autre dans quelques décennies. Anticiper ce changement pour s'adapter n'est toutefois pas une mince affaire.
La forêt couvre 86 % du territoire du Parc national de la Vallée de la Semois et rend de nombreux services à l’environnement et à la communauté. Elle constitue en effet l’un des principaux réservoirs de biodiversité, régule le climat et le cycle de l’eau, stocke du carbone, sans parler des matières premières qu’elle fournit à la filière bois !
Malheureusement, le changement climatique a déjà des conséquences visibles sur la forêt, particulièrement depuis l’été 2018. La pullulation du scolyte de l’épicéa a provoqué des mortalités spectaculaires. Le hêtre et d’autres espèces indigènes présentent par ailleurs des défoliations souvent inquiétantes.
Verrons-nous de nombreux arbres dépérir en forêt dans les années à venir ? Certaines projections concernant le climat prévoient effectivement que, d’ici la fin du siècle, les conditions climatiques ne seront plus adaptées à diverses espèces sur une partie importante de leur aire de distribution actuelle.
Comment faire pour limiter ce phénomène ? Cette question est au cœur des réflexions de nos chargés de mission “Adaptation de la forêt aux changements climatiques”.
Il est établi que l’un des principaux moyens d’adapter la forêt aux conditions climatiques futures est de privilégier le mélange d’espèces. Mais il faut pouvoir anticiper, tout en levant de nombreuses difficultés :
- les conditions de température et précipitations doivent être connues pour déterminer les espèces à privilégier ;
- celles-ci dépendront de nos émissions de gaz à effet de serre au cours des prochaines années ;
- des espèces parfaitement adaptées aux conditions de la fin du siècle ne supportent pas nécessairement le climat d’aujourd’hui ;
- introduire des espèces fait courir des risques aux écosystèmes (invasions biologiques, perte d’habitats naturels…), qui se passeraient bien de menaces supplémentaires !
Influencer la dynamique de régénération
Sur le territoire du Parc national, et plus généralement en Europe centrale et tempérée, le hêtre, bien qu’affecté par les sécheresses des dernières années, reste un redoutable compétiteur qui laisse bien peu de place à des espèces moins appréciées du gibier et moins tolérantes à l’ombre, telles que le chêne.
Influencer la dynamique de régénération en faveur d’espèces moins fréquentes et plus adaptées fait donc partie intégrante de la solution. Observer le comportement d’espèces plus méridionales pour envisager leur introduction prudente et éclairée est également envisagé, particulièrement sur les places laissées vides par l’épicéa.
Nos chargés de mission « Adaptation de la forêt aux changements climatiques » accompagneront les gestionnaires forestiers pour optimiser leurs actions à la lumière des connaissances scientifiques, qui évoluent rapidement sur ces questions.